Récemment, j’ai eu l’opportunité de vivre une expérience unique : m’initier au Nihon Buyō (日本舞踊), la danse traditionnelle japonaise. Cet art, transmis de génération en génération depuis plus de quatre siècles, est bien plus qu’une simple danse : il reflète toute la subtilité, l’élégance et la profondeur de la culture japonaise.

Nihon Buyō, un art raffiné hérité du kabuki

Le Nihon Buyō est né au XVIIe siècle, à l’époque d’Edo, en intégrant des éléments du théâtre kabuki et des danses de cour. Ses gestes élégants, codifiés mais empreints de grâce, mettent en scène la nature, les émotions humaines et les récits mythologiques.

C’est un art qui se vit dans le moindre mouvement de main, dans la lenteur mesurée d’un pas, ou encore dans le jeu subtil des accessoires tels que l’éventail ou l’ombrelle.

L’école Matsukaze-ryū : transmettre l’âme de la danse

À Matsumoto, cette tradition est perpétuée par l’école Matsukaze-ryū (松風流), fondée il y a près d’un demi-siècle par Matsukaze Suiho. Aujourd’hui, l’école s’est développée avec des antennes à Tokyo, Sendai, Komoro ou encore Tajimi, tout en restant profondément attachée à ses racines locales.

Sous la direction de la deuxième génération, Matsukaze Hidenori, l’école se distingue par une approche complète : elle enseigne non seulement la danse, mais aussi l’art du maquillage de scène, la coiffure traditionnelle, le choix et le port du costume, ainsi que la mise en scène (lumières, son, accessoires). Cette vision globale fait de Matsukaze-ryū un véritable gardien du Nihon Buyō.

La passion et la gentillesse des maîtres

Dès mon arrivée, j’ai été accueillie avec chaleur par les professeurs. Leur gentillesse et leur passion se ressentent à chaque explication. Leur objectif est clair : partager la beauté du Nihon Buyō avec le plus grand nombre, que l’on soit Japonais ou étranger, amateur d’arts traditionnels ou simple curieux.

Jamais je ne me suis sentie intimidée ; au contraire, j’ai perçu une réelle volonté de transmettre et de faire aimer cet art raffiné.

Après une introduction à l’art du Nihon Buyō, le maître des lieux s’est exécuté devant nous. Il nous a présenté deux danses : celle d’un homme armé et celle d’une femme portant une branche de glycine. En changeant l’expression du corps et du visage, il parvient à changer complètement de genre et l’enchaînement des deux performances n’en est que plus impressionnante .

Le bonheur de revêtir un kimono

L’expérience a commencé par l’habillage. J’ai pu choisir un kimono parmi plusieurs aux couleurs et motifs variés : fleurs délicates, paysages symboliques ou tissus plus sobres. Se laisser habiller avec soin, sentir le tissu se poser sur soi, voir le nœud de l’obi se former dans le dos… c’est déjà une immersion culturelle à part entière. Porter un kimono change la posture, la démarche, et prépare à entrer dans l’univers du Nihon Buyō.

La danse « Sakura », un voyage au cœur du Japon

Puis vint le moment de danser. Guidée pas à pas, j’ai appris la chorégraphie de la danse « Sakura ». Avec l’éventail à la main, les gestes m’ont semblé rapidement accessibles, même pour une débutante.

Cette danse met en scène des symboles forts du Japon : la beauté éphémère des fleurs de cerisier, la majesté du mont Fuji, et le saké offert aux divinités en signe de respect. Les mouvements, à la fois simples et empreints de poésie, traduisent la relation profonde entre l’homme, la nature et le sacré.

Une séance photo inoubliable

Enfin, la séance photo a été l’apothéose de cette immersion. Les maîtres m’ont proposé différentes poses traditionnelles, tout en mettant à ma disposition divers accessoires : ombrelle rouge, éventail coloré, sabre…

Ils nous a même été permis d’essayer le kimono porté par les femmes de la cour. C’est un kimono très lourd d‘Une dizaine de kilos et orné de motifs élégants. 

Ces mises en scène m’ont permis de conserver des souvenirs uniques, immortalisant l’instant où, le temps d’une heure, j’ai pu toucher à la grâce intemporelle du Nihon Buyō.

Une expérience à recommander

Participer à cette initiation avec l’école Matsukaze-ryū, c’est bien plus que suivre un atelier : c’est plonger dans un héritage culturel vivant, transmis avec passion et délicatesse.

Je recommande vivement cette expérience à quiconque souhaite découvrir une facette authentique et poétique du Japon, au croisement de la danse, de la beauté et du partage.